Le collier rouge [2014] de J.C. Rufin / Le jour d’avant [2017] de Sorj Chalandon

Le huitième roman de Sorj Chalandon, Le jour d’avant, m’a évoqué Le collier rouge de J.C Rufin de part en part. Tant dans le ton, le sujet et, surtout, la progression narrative de l’histoire. Celle-ci ne peut reposer que sur un mensonge et une triche littéraire puisque, parlant à la première personne, le narrateur ne peut raconter son histoire comme s’il ne savait pas la vérité, de sorte que le rebondissement (presque) final existe uniquement parce que l’auteur n’a pas respecté le pacte tacite avec le lecteur et a donc créé un effet totalement artificiel.

Dans les deux cas, je n’ai pas été emballé par l’écoute (ce furent pour moi deux livres audio) bien que leur sujet respectif, la Première Guerre Mondiale pour Le collier rouge et la vie de mineur dans les années 1970 autour d’une catastrophe ayant tué 42 mineurs en janvier 1974, pour le second, aient donné leur caution de gravité à l’histoire. Dans les deux cas, un personnage fictif plongé dans une réalité dure et à qui il arrive quelque chose de surprenant et d’extraordinaire et qui termine en prison, pour des scènes assez longues qui semblent devoir rallonger un peu une soupe trop chiche en légumes ; mais dans les deux cas rien qui mette en scène quelque chose de philosophique ou ne fasse réfléchir, juste de l’émotion anecdotique sans rien d’assez profond pour vous emporter. Du coup, j’ai trouvé pour l’un comme pour l’autre, qu’il s’agissait de romans alimentaires destinés à permettre à l’auteur d’exister tous les ans pour ne pas disparaître, mais bien loin de Rouge Brésil et du Quatrième mur qui, eux avaient ce petit plus qui vous scotche.

Pourtant, tant Rufin que Chalandon sont deux écrivains que j’apprécie fortement et qui ont des choses à dire. Mais sans doute pas tous les ans…

B.O.B.

Gaetan Roussel – Il y a