Rappel à l’ordre

Je viens de recevoir un courriel de Google Maps Timeline, qui me rappelle où j’ai été ce mois-ci, les endroits, villes, le chemin parcouru, etc. C’est gentil, mais à quoi bon ? Alphabet et sa branche Google, ont-ils peur que je perde la mémoire ? Comme je suis un esprit fort et un vilain de chez vilain et même que si Captain America me croisait il me combattrait et me terrasserait pour sauver son pays et le Monde, je me dis plutôt que Google veut me rappeler qu’ils me contrôlent, comme ça l’air de rien, en passant, avec une savante hypocrisie qui devrait m’inciter à penser que je devrais même leur dire merci.

Grand Google te regarde.

Oh, certes, tu peux encore te passer de téléphone portable, après tout, tu n’es pas obligé d’aller te connecter avec Google. Comme débourser des sommes honteuses pour un téléphone de la Pomme, afin que ce soit plutôt Grande Pomme qui te regarde à son tour ?1

Oh, certes je peux me couper du monde et ne plus exister socialement en délaissant ses grandes officines de délation technologiques. Je serai alors dans une grande réserve de gens déconnectés que le Système laisserait vivre car n’étant pas dangereux, et comme un stock de personnes encore saines quand tous les autres seront devenus fous. Après tout, c’est ce qui pourrait arriver de mieux pour tout le monde. Grand Frère s’en fiche que certains sortent de la caverne, s’ils le font sans tapage. Peut-être même que Grand Frère aime bien qu’on le regarde faire l’amour ou manipuler les autres, surtout quand on ne peut rien faire, rien dire, qu’on est là comme une petite souris dans les bras du chat qui la laisse vivante parce qu’il trouve ça drôle et qu’il a déjà eu ses croquettes.

Va te faire foutre Google, je ne te regarde même pas, tu en as une petite et tu ne sais pas l’utiliser. Envoie-moi Captain America, si tu veux, je suis sûr qu’il n’est pas si fort que ça. Tu peux donc te mettre ta Timeline dans le trou qui te procurera le plus de bien.

Avec des bisous.

Bande originale de la bulle : “Dicen que dicen” de Pedro Aznar.

Photo d’entête : « Gros yeux » par Clem.

Note

  1. Désolé, les gars, le joli du numéro du « on ne coopère pas avec la justice yankee, même si c’est un terroriste », en 2016, je n’y ai pas cru longtemps ; cf., « Apple refuse de déchiffrer un iPhone pour le FBI: « une stratégie marketing » », L’Express, 19.02.2016 (premier résultat que Qwant m’a sorti)