Suivi(e) (d’un rien)

Suivie : une femme. 
Qui avait des oiseaux en vol noirs sur le haut du dos. 
Sans regarder la direction des rails. (Avoir bien vite fait de) Me tromper. Perdre dix minutes sur l’itinéraire de la raison. Que je n’avais pas (re)gagnée(s). 
Ne plus désirer d’autres routes que celles qui mènent à la découverte du reste du paysage de son corps. 
Essayer d’en sentir la saison. 
Peut-être avant de lui dire que j’aimerais voir, 
Si j’ose, 
Où les oiseaux se posent 
Vers quels autres “nous serons” intimes, 
La nuit, et piailler à leur côté, infime 
En plein cœur de l’été, s’ils émigrent, prendre place en tête de V.

A remonter : dix minutes. 
Qui firent de moi un voleur de dos, un oiseau déplumé. 
Accroché à elle. Battant plus vite des ailes dans le sens opposé1[note][/note] – le bon, le mauvais, c’est pareil. (On m’attendait) 
Perdu ce beau vol. Mis sous la cage de quelques lignes, pour la mémoire.
Perdue la femme dans la foule. Extraite de l’innombrable nuée d’un sous-sol. 
Perdu à toujours. 
Gagnées : dix minutes dont je n’allais que faire. (J’étais un peu en avance et ouvert à tous les gaspillages profitables)

Et toutes ces années que je vis à côté de cette chanson et personne ne m’a jamais dit qu’elle existait !!! (Compote d’insultes à mes contemporains et à moi-même avec des morceaux de joie dans mon cœur)

Note

  1. Tu te souviens : ligne jaune du métro de Santiago du Chili, vers le sud, de Los Héroes à Toesca, peut-être… – quand (de jour, probablement un début d’après-midi), pour quoi, pour qui ? ↩︎